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Le ténor Jonas Kaufmann s’entoure de six divas pour son nouvel album, « Puccini : Love Affairs »

Jonas Kaufmann s’est entouré d’un aréopage de six divas pour célébrer le centenaire de la mort de Giacomo Puccini (1858-1924) et édifier le programme de Puccini : Love Affairs, le nouveau disque de duos d’amour qu’il consacre au célèbre compositeur italien, disparu le 29 novembre 1924, à Bruxelles. En 2015, un premier récital intitulé Nessun dorma. The Puccini Album, allusion à l’air le plus populaire de Turandot, avait été couronné d’un énorme succès public ainsi que du prix Puccini de la Fondazione Festival Pucciniano.
Entre-temps, le tenorissimo austro-allemand a expérimenté au disque ainsi que sur la plupart des scènes lyriques les grands rôles pucciniens. Du peintre antifasciste Mario Cavaradossi (Tosca) au naïf chevalier Des Grieux (Manon Lescaut), du poète parisien Rodolfo (La Bohème) au prince tartare Calaf (Turandot), de l’officier de marine américain Pinkerton (Madame Butterfly) au bandit au grand cœur Dick Johnson, dans La fanciulla del West.
« Puccini est probablement l’un des compositeurs que j’ai le plus chantés, confie le musicien. Il est donc l’un de mes compagnons de route. Comme dans toute relation à long terme, l’expérience et la maturité induisent un processus de développement dans lequel les partenaires, chefs d’orchestre et metteurs en scène avec lesquels vous travaillez jouent un rôle majeur. Il n’est en effet que de comparer les différentes versions des mêmes airs sur dix ans pour s’en convaincre », assure celui qui « essaie de recréer l’œuvre chaque soir », fidèle en cela « au credo de Giorgio Strehler ».
Jonas Kaufmann n’a jamais caché sa passion pour le compositeur italien, découvert alors qu’il était encore enfant et vivait déjà le dimanche après-midi au Théâtre national de Munich, sa ville natale, des émotions de mélomane. Il se souvient notamment d’une représentation de Madame Butterfly. « J’avais 6 ou 7 ans, j’étais à côté de ma grande sœur au premier rang, juste derrière le chef d’orchestre, raconte-t-il. Tout était beau et excitant. La grandeur de la salle, les sièges en velours rouge, les décors, les costumes, la musique et puis les applaudissements. Et, soudain, la femme qui venait de se poignarder se tenait devant le rideau, vivante ! Je n’arrivais pas à comprendre. Pour moi, l’opéra était si vrai, si authentique et si sérieux. Je crois que, dans une certaine mesure, ce que j’ai ressenti à l’époque ne m’a jamais quitté. »
Les grands opéras italiens sont arrivés dans la carrière de Jonas Kaufmann dans la foulée des rôles phares du répertoire français et germanique. On a parfois reproché à Kaufmann son manque d’« italianité ». Mais les qualités vocales du ténor, acteur jusque dans le son, son art magnifique de la ligne, sa puissance de projection, l’émouvant sfumato voilant subtilement son timbre et surtout ce sens poétique dans la coloration des mots, ont su imposer un lyrisme total, des pianissimos filés jusqu’à l’explosion d’aigus éclatants. « Chanter Puccini est un défi particulier, explique-t-il, principalement en raison du flot d’émotions sauvages qui provient de l’orchestre. On se sent parfois si petit face à ces énormes vagues sonores que la priorité est de garder la tête hors de l’eau. Peu à peu, avec l’expérience, on parvient à surfer dessus et à façonner librement la trajectoire du personnage qu’on incarne. C’est alors une joie intense de chanter Puccini. »
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